
Radlands est clairement ma claque 2 joueurs de ce début d'année. Oui direct, comme ça, avant l'intro nulle, le petit tour des règles qui va bien, le pot pourri des qualités du titre agrémenté de ce qui me dérange dans le jeu (sinon je passe pour un mec trop sympa).
Mais je ne pouvais pas faire autrement, car c'était une de mes grosses attentes de fin 2022 (une année qui s'est beaucoup trop étirée pour mon niveau de patience normale). Et que je me hype trop souvent à l'excès ces derniers temps pour être enfin heureux de crier au monde -ou au moins à ma fenêtre- que j'ai été encore plus agréablement surpris que je l'espérais ! (si vous comprenez cette phrase, chapeau té).

Mais attention, le nouveau petit bijou de chez Lucky Duck Games ne fait pas dans la demi-mesure. Pour en profiter, il faudra savoir encaisser mentalement des tirages successifs trop longtemps défavorables, ou savoir rester zen quand son plateau bien rempli se fait réduire en cendres par un enchaînement de cartes bien trop puissantes pour être posséder par un seul homme. Vous pourrez aussi subir un affrontement à sens unique expédié en moins de 15 minutes, ou à l'inverse tomber sur ce genre de partie interminable où les deux joueurs n'arrivent pas à piocher la carte qui pourrait (enfin) abréger les souffrances de son adversaire.
Cela reste heureusement rare, et surtout bien minime au regard des histoires dantesques que allez pouvoir écrire avec ce jeu. Et de toute façon, avec sa configuration facile et ses parties courtes, même si vous sortez d'une déception, vous allez pouvoir en enchaîner un paquet, des revanches !
Reste que vous ne savez toujours pas ce qu'est Radlands, alors laissez-moi vous lire MON livret de règles.

Radlands, c'est comme si vous jouiez à une version édulcorée de Magic mais thématisée Mad Max. La filiation avec le célèbre jeu de cartes est plus qu'évidente, car c'est un ancien de la maison qui a créé le jeu, et qu'il a ramené avec lui le gameplay "sérieux" du modèle et son économie serrée de ressources. Et tout passe ici par l'eau, de la pose de cartes de votre main sur votre plateau de jeu au déclenchement de capacités, et vous n'en aurez souvent que 3 à chaque tour, avec la possibilité d'un extra en anticipant le tour précédent ou via certaines actions spéciales.
Pour la deuxième évidence, il suffit d'ouvrir les yeux sur l'habillage sublime du jeu pour voir transpirer l'œuvre du cinéaste George Miller : Vous êtes ici plongé en plein futur post-apo, avec sa galerie de personnages déjantés, ses machineries alternant récupération et ingénierie développée, et surtout avec un seul objectif, survivre avant d'être tué, dans une guerre de possessions entre deux leaders de tribus qui en laissera forcément un la tête fracassée en deux et gisant sur le bas-côté.

Votre mission de base est d'ailleurs simple : Réussir à détruire les 3 cartes camps de votre adversaire avant qu'il ne ravage les vôtres. Le livret de jeu propose deux sets de départ pour les novices, mais vous en viendrez vite à cette phase de draft pré-affrontement où vous tirerez 6 cartes du paquet de clans et n'en conserverez que 3. En prenant attention aux capacités uniques de chaque camp qui décideront en plus du nombre de cartes de départ que vous devrez tirer de la pioche commune faces cachées.
Reste à savoir que niveau "organisation", vous devez placer vos camps sur une rangée horizontale devant vous, en laissant assez d'espace pour placer deux cartes au dessus de chaque forteresse. C'est là où vous pourrez mettre en jeu vos recrues, en gardant toujours en tête que celles disposées au plus "haut" d'une colonne seront considérées comme sans-défense et seront les premières visées en cas d'attaque direct (protégeant par contre du coup celles placées en dessous).

Radlands intègre aussi un système d'évènements, des cartes puissantes que vous allez devoir jouer cette-fois sur une colonne fictive allant de 3 (la base de vos camps) à 1 (le centre de la table), en prenant soin de l'insérer dans la bonne "case" indiquée quand vous la déploierez.
Votre tour de jeu débute d'ailleurs toujours par la résolution de l'évènement de case 1 et de l'éventuel décalage de toutes les autres cartes d'un "cran" vers le haut. C'est ensuite que vous allez vous réapprovisionner en piochant 1 carte de la pioche et en récupérant jusqu'à 3 jetons d'eau, pour ensuite les utiliser comme bon vous semble en réalisant l'une des actions du jeu.

Jouer une carte de votre main (en payant son coût), piocher une carte (contre 2 jetons eau), gaspiller une carte (la défausser pour profiter de son symbole imprimé en haut à gauche), prendre le château d'eau (dépenser 1 jeton d'eau pour en avoir un dans les tours suivants), déclencher une capacité (souvent sous conditions) ... vous pourrez agir autant de fois que vos "finances" le permettront avant de passer la main à votre adversaire.
Et qu'est-ce que c'est bon, vraiment. Accessible, amusant, percutant, ultra immersif, ... j'aurai un paquet d'adjectifs positifs à émettre au sujet d'un jeu qui apporte une vraie petite bouffée d'air frais au genre. Il ne faut pas s'attendre à des combos sans fin : Radlands est à l'image de son thème, une histoire de choix difficiles, d'opportunités à ne pas manquer, de brèches dans lesquelles s'engouffrer cartes et âmes, tout cela saupoudrée de cette part de hasard évoquée en début d'article qui pourra causer des fins de temps en temps trop soudaines ou injustes.

Mais sachez que cela ne vous empêchera pas d'y revenir, car comme un bon vin, Radlands se bonifie avec le "temps". Car à force de jouer, vous finirez par dompter plus facilement vos tirages, à maîtriser les subtilités de chaque carte, par apprendre de vos plus erreurs. Et votre plaisir ne cessera de grimper crescendo en jouant à un jeu de cartes qui n'est peut-être pas le plus profond et contrôlable du marché, mais dont vous n'arriverez certainement pas à vous détacher avant longtemps de ses très bonnes idées de gameplay, et de sa verve thématique qui en a sous le capot !
